Les Kenshis (2007)
Cette série de portraits représente des kenshis de face portant le men. Ce men est constitué de trois parties, à savoir la grille métallique qui protège le visage, le capuchon d’un tissu épais qui recouvre la tête au niveau de la partie supérieure latérale et qui glisse sur le dessus des épaules pour les protéger. Pour finir, une languette de cuir épais également surpiquée couvre la partie antérieure du cou.

Regroupé par neuf kenshis dans cette série, le port du men semble différent pour chaque individu. Cela fut ma surprise lorsque je constatais ces différences sur les tirages, alors qu’au moment de la prise de vue, il m’était très difficile de différencier les kenshis, car tous portaient la même tenue sombre et se déplaçaient avec fluidité tous autour de moi avec leur masque cachant leur visage.

Avec la trace du temps, le tissus raide du men s’amollit et épouse la forme du corps, la personne s’approprie ce masque dont l’aspect formel s’affirme. Un masque qui à la fois protège et isole l’individu qui le porte. Ces masques sont comme une deuxième carapace avec tous les défauts ou les traces d’usure du tissu.

A travers la grille métallique, le visage reste visible et expressif.

Ce qui se cache se dévoile. Ces masques mis trois par trois renforcent leur présence, mais décrivent également la vulnérabilité de l’individu de par la forme du men et de par l’expression du visage qui transparaît à travers ces grilles, des tiges métalliques qui nous rebutent vis-à-vis de l’attraction que l’on pourrait avoir envers ces portraits. La tête recouverte intrigue, et inquiète lorsque nous ne sommes plus en mesure de reconnaître un visage. Ici, la perception est partielle, nous ne réceptionnons visuellement uniquement que des bribes du visage.

Les mens sombres tranchent sur le fond blanc. Je ne m’intéressais pas à représenter l’action du kendo lors de ces prises de vue mais je recherchais ce qui pouvait se dégager plastiquement lors de ma rencontre avec les kenshis.